
J'accuse les Hommes un par un et en groupe, j'accuse les Hommes de cracher dans leur soupe, d'assassiner la poule aux oeufs d'argent, de ne prévoir que le bout de leur temps. J'accuse les Hommes de sâlir les torrents, d'empoisonner le sable des enfants, de névroser l'âme des pauvres gens, de nécroser le fond des océans. J'accuse les Hommes de violer les étoiles pour faire bander le cap Canavéral, de se repêtre de sexe et de sang pour oublier qu'ils sont des impuissants, de rassembler les génies du néant, de pétroler l'aile des goélands, d'atomiser le peu d'air qu'ils respirent, de s'enfumer pour moins se voir mourir. J'accuse les Hommes de crimes sans pardon, au nom d'un homme ou d'une religion. J'accuse les Hommes de croire des hypocrites, moitié PD, moitié hermaphrodites, qui jouent les durs pour enfoncer du beurre et s'agenouillent aussitôt qu'ils ont peur. J'accuse les Hommes de se croire des surhommes alors qu'ils sont bêtes à croquer la pomme. J'accuse les Hommes, je veux qu'on les condamne. Au maximum, qu'on arrache leur âme et qu'on la jette aux rats et aux cochons pour voir comment, eux, ils s'en serviront. J'accuse les hommes en un mot comme en cents, j'accuse les hommes d'être bêtes et méchants, prêts à marcher aux pas des régiments, de n'être pas des Hommes tout simplement.
Michel Sardou.